FENÊTRES SUR COUR

Du 07 novembre au 06 janvier 2025
Galerie Pauline Renard

VERNISSAGE le mercredi 06 novembre 2025

Artistes : Romain Bagouet, Diane Benoit Du Rey, Jean Paul Blais, Lara Bloy, Fabien Boitard, Marie Charpentier, Sylvain Ciavaldini, Helene Delmaire, Raphaël Denis, Éléonore Deshayes, Nicolas Djavanshir, Sylvain Dubrunfaut, Léo Dorfner, Gaël Davrinche, Samuel Francart, Julien Gorgeart, Ninon Hivert, Louis Lanne, Olivier Lépront, Adrien Menu, Ève Malherbe, Davide Monaldi, Vinca Monadé, Sacha Floch Poliakoff, Martinet Texereau, Norma Trif, Lea Toutain, Nils Vandevenne, Aurélien Veyrat, Renaud Suanez, Janusz Stega

« Il y a quelque chose de profondément humain dans le fait de regarder, sans être vu. »

Alfred Hitchcock, Rear Window (Fenêtre sur cour), 1954

Ouvrir un lieu, c’est d’abord ouvrir un seuil. Non pas simplement une porte ou une vitrine, mais un espace mental, un temps suspendu. Fenêtres sur cours, exposition inaugurale de la Galerie Pauline Renard, se place précisément là : à l’instant où le regard bascule, où le visible commence à faire signe, où l’on ne voit pas encore tout, mais déjà quelque chose s’entrevoit.

Hitchcock, dans Rear Window, installait le spectateur au cœur de cette tension : regarder sans être vu, deviner plus que savoir, projeter plus que constater. Le regard ne saisit jamais d’emblée. Il tâtonne, hésite, s’égare parfois. L’œuvre, comme la fenêtre, ne livre rien d’immédiat. Elle propose un écart. Et c’est dans cet écart entre l’image et sa lecture, entre l’intention et sa réception que naît une expérience artistique.

La galerie elle-même en incarne la métaphore. Deux fenêtres, réelles, s’ouvrent sur une cour intérieure. Mais ce n’est pas le dehors qui est donné à voir, c’est le dedans. L’espace d’exposition devient un seuil inversé, une chambre obscure où l’on regarde à travers les regards. L’œuvre ne se donne pas comme une image plane, mais comme une stratification de plans, un feuilleté de gestes, de matières. Comme le disait Georges Didi-Huberman, « voir, c’est toujours voir à travers. »

Les artistes rassemblés ici ne livrent pas de représentations, mais des visions. Ils ne décrivent pas le monde : ils y plongent, et nous y entraînent. Il ne s’agit plus d’illustrer, mais de rendre sensible une forme d’intensité, de décalage, d’irruption. L’œuvre est une fenêtre mentale : un passage entre ce que l’artiste a perçu, et ce que le spectateur commence seulement à entrevoir.

Il y a, dans chaque pièce, une tension entre figuration et suggestion. Comme l’écrivait John Berger dans Ways of Seeing, « ce que nous voyons est toujours affecté par ce que nous savons ou croyons savoir. » Le regard est donc toujours en retard sur lui-même. Il n’est jamais pur, jamais seul. Il est toujours orienté ou hanté par nos expériences personnelles.

L’exposition se déploie alors comme une traversée : on y circule comme dans une cour d’immeuble à la tombée du jour, quand les lumières s’allument derrière les vitres, laissant entrevoir des fragments de récits, des souffles d’intimité, des gestes suspendus. On ne sait jamais très bien ce que l’on regarde : une image ? une mémoire ? un désir ? Et cela fait toute la force du regard : son inachèvement.

Ce premier accrochage affirme une position : l’art n’est pas simplement une chose à posséder, mais un passage à éprouver. Ce que la Galerie Pauline Renard propose, ce n’est pas un simple accrochage inaugural, mais l’ouverture d’un seuil entre soi et l’autre,entre réalité et fiction, entre ce que l’on croit voir et ce que l’on commence à entrevoir.

Car l’art véritable ne donne pas à voir. Il donne à regarder. Longtemps. Lentement.

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